L'UE interdit le commerce des produits dérivés de phoques – La Belgique a joué un rôle crucial de pionnier
Le sort en est jeté : les produits dérivés de phoques ne peuvent plus être commercialisés au sein de l'Union européenne. “Cette interdiction constitue une formidable victoire sur la cruauté”, se réjouit Michel Vandenbosch, président de GAIA, à la suite du vote du Parlement européen entérinant en ce jour, à une écrasante majorité de 550 voix contre à peine 49 voix défavorables, l'interdiction légale d'importer et de commercialiser au sein de l'Union européenne des produits issus de la chasse commerciale aux phoques. Par cette décision, le Parlement européen approuve officiellement l'accord conclu il y a une semaine et demie par la Commission européenne, les Etats membres de l'Union européenne et le Parlement européen. “Notre pays a joué un rôle crucial de pionnier,” souligne Michel Vandenbosch. “Sans l'interdiction belge de ce commerce, ayant ouvert la voie à la décision prise aujourd'hui, l'interdiction européenne n'aurait jamais vu le jour.” L'interdiction est contraignante pour les 27 Etats membres de l'Union européenne. Michel Vandenbosch : “GAIA s'est dévouée pleinement aux côtés de l'International Fund for Animal Welfare (IFAW) et de Humane Society International (HSI), pour obtenir cet exploit.” La manifestation européenne organisée en juillet de l'année dernière à Bruxelles par GAIA, l'IFAW et l'Eurogroup for Animals ainsi que les dizaines de milliers de mails, de lettres et de cartes postales expédiés depuis notre pays et depuis toute l'Union européenne n'ont pas laissé indifférents les décideurs politiques européens. L'impact de l'interdiction européenne sur le commerce des produits dérivés de phoques ne doit pas être sous-estimé. Selon Michel Vandenbosch, le sort de la chasse commerciale aux phoques est scellé: “Cette interdiction signifie le début de la fin du massacre barbare de centaines de milliers de phoques”.
Coup de grâce
Hormis au Canada, les phoques sont également chassés à des fins commerciales au Groenland, en Norvège et en Namibie. C'est cependant au Canada que cette activité est la plus développée. Au début du mois de mars, la Russie a interdit la chasse des dizaines de milliers de phoques qui peuplent le pays. Avec l'interdiction votée par l'Union européenne, trente pays au total ont fermé ou sont en passe de fermer leur marché aux produits dérivés de phoques, parmi lesquels sept des dix principaux marchés d'exportation du Canada. La probabilité que le marché des produits dérivés de phoques s'effondre est bien réelle. Depuis que la Belgique, suivie par les Pays-Bas, a interdit en 2007 le commerce de produits dérivés de phoques et que l'appel en vue d'une interdiction européenne a pris de l'ampleur, les recettes ont chuté d'année en année. Jamais une peau de phoque n'a eu aussi peu de valeur que cette année : 9 euros, soit la moitié de ce qu'elle valait en 2008 (en 2006, une peau rapportait 100 dollars). GAIA est convaincue que, quelques semaines après l'interdiction russe de la chasse de dizaines de milliers de phoques dans ce pays, l'Union européenne vient de donner le coup de grâce à la chasse aux phoques commerciale à grande échelle. Michel Vandenbosch: “Ce n'est désormais plus qu'une question de temps, mais le sort de la chasse aux phoques à grande échelle à des fins commerciales est scellé”. Cette année, le quota, fixé à 338.200 phoques n'a pas été atteint au Canada : 'seuls' 57 622 phoques ont été abattus, soit moins de 1/5 (17%) du quota. De nombreux chasseurs de phoques n'ont pas appareillé cette année, en raison des prix historiquement bas des peaux et de la très faible demande en produits dérivés de phoques.
L'UE n'a pas cédé aux pressions canadiennes et norvégiennes
“Nous sommes également parvenus à infléchir la proposition de la Commission européenne visant à autoriser les produits dérivés de phoques importés de pays pouvant prouver que les animaux ont été massacrés de manière soi-disant humaine - proposition absolument impossible à contrôler -, au profit d'une interdiction inconditionnelle”, explique le président de GAIA. “Il s'agit là d'une performance particulièrement remarquable, également due aux efforts du gouvernement et des parlementaires belges, vu les énormes pressions exercées principalement par le Canada et la Norvège sur l'Union européenne. Il n'y a même pas deux ans, la plupart des observateurs considéraient encore une interdiction européenne comme une utopie absolument irréalisable.”
La Belgique a ouvert la voie
GAIA souligne le fait que l'interdiction belge du commerce des produits dérivés de phoques, adoptée à l'unanimité par le Parlement à la suite d'une campagne conjointe de GAIA et de l'IFAW en 2007, a ouvert la porte à l'interdiction européenne et a montré l'exemple. “Je suis heureux de ne pas avoir été inutilement le témoin oculaire de cette cruauté inhumaine en 2004, sur la banquise du Grand Nord canadien.”
Règlement
La nouvelle législation doit être officiellement approuvée en tant que Règlement portant harmonisation des règles de commercialisation des produits dérivés des phoques le 25 juin prochain par le Conseil des ministres européens. Le Règlement pourra alors entrer en vigueur. Celui-ci stipule que l'importation et le commerce au sein de l'Union européenne de tous les produits dérivés de la chasse commerciale à grande échelle de toutes les espèces de phoques sont interdits. Les produits de la chasse traditionnelle pratiquée par les Inuits et autres peuples indigènes, destinée à pourvoir à leur subsistance, ne sont pas touchés par cette interdiction. Est également autorisée, mais uniquement à des fins non commerciales et non lucratives, l'importation occasionnelle à usage personnel de produits par les touristes ainsi que les transactions relatives à des sous-produits issus de la mise à mort à petite échelle de phoques dans le cadre de la gestion de la population. A nouveau, ces produits ne peuvent être vendus.
Contre la chasse commerciale aux phoques
GAIA, l'IFAW, HSI, la Fondation Brigitte Bardot et l'Eurogroup for Animals condamnent surtout la chasse commerciale aux phoques qui inflige la plus grande souffrance aux animaux. « L'interdiction répond aux souhaits des citoyens européens » déclare Michel Vandenbosch. « Même au Canada, de plus en plus de leaders de l'opinion sont toujours plus critiques à l'égard de la chasse aux phoques. Ils font par ailleurs remarquer que les coûts occasionnés par celle-ci au contribuable (subventions publiques à la recherche, brise-glace, surveillance... et lobbying infructueux) sont supérieurs aux bénéfices générés par cette chasse.
40 ans de lutte contre la chasse aux phoques : six étapes
2004-2009 : de l'interdiction belge à l'interdiction au niveau européen
1969 : Des photos et des images montrant la cruauté de la chasse aux phoques au Canada sont diffusées pour la première fois dans le monde entier grâce à Brian Davies, qui fonde l'International Fund for Animal Welfare (IFAW) contre l'abattage des phoques. Brigitte Bardot se lance dans la bataille. Le bébé phoque au pelage blanc comme neige devient le symbole de l'innocence sans défense.
1983 : L'Union européenne interdit l'importation des peaux de jeunes phoques âgés de moins de 21 jours (pelages blancs).
2004 : Démarrage de la campagne de GAIA : le président de GAIA, Michel Vandenbosch, part avec le sénateur Jean-Marie Dedecker et la députée Magda De Meyer dans les champs de glace canadiens. Ils y sont les témoins oculaires de l'abattage barbare des phoques. Ils font rapport aux ministres belges compétents en la matière. Plus tard, lors d'une séance parlementaire, Michel Vandenbosch explique ce qu'il a vu et plaide, avec ses collèges de l'IFAW, pour une interdiction du commerce des produits dérivés de phoques en Belgique.
2007 : Quelques actions plus tard, la Belgique devient le premier pays de l'Union européenne à interdire le commerce des produits dérivés de phoques. La proposition de loi des ministres compétents Marc Verwilghen, Rudy Demotte et Freya Vandenbossche est adoptée à l'unanimité par le Parlement. Les Pays-Bas suivent l'exemple de la Belgique et l'Allemagne informe la Commission européenne du fait qu'elle compte interdire le commerce de produits dérivés de phoques. L'Italie et le Royaume-Uni oeuvrent à une interdiction du même ordre.
2008 : Le lundi 1er juillet, plus de 1000 activistes manifestent à Bruxelles contre la chasse aux phoques et pour l'interdiction du commerce des produits dérivés de phoques au niveau européen. Cette manifestation est organisée par GAIA, l'IFAW et l'Eurogroup for Animals.
2009 : La Russie interdit la chasse aux phoques sur son propre territoire. L'Union européenne interdit le commerce de produits dérivés de phoques